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Via Loralyn
12 novembre 2008

Rothko au Tate Modern à Londres

Bonjour les bloggeurs !

Pluie glacée et vent fort, Londres, te voici à la hauteur de ta réputation ! que ferais-tu pour entretenir les stéréotypes ?...

et puis me voici projeté dans l'univers de Rothko, au 4e étage du Tate Modern.

Apprécier les oeuvres en musique

id019Le livret distribué à l'entrée de la galerie est insuffisant et je prends un audioguide sur les conseils d'une anglaise visiblement habituée des lieux.

Et quelle joie ! cet audioguide ne présente pas uniquement les oeuvres comme on en a l'habitude, c'est un guide mutlimedia. On compare les toiles aux toiles d'autres artistes, on nous montre des oeuvres de Rothko qui ne sont pas exposées à rapprocher de celles que nous voyons. On nous montre aussi des vidéos, des photos de la chapelle dont Rothko décorera les murs et surtout de la musique.

Rothko était notamment un grand amateur d'Opéra. L'audioguide nous permettra d'entendre un extrait du Don Giovanni de Mozart dans la salle principale mais aussi Schubert et un extrait des Dissonances de Mozart. Mais on en redemande, on en veut plus !! quel bonheur de pouvoir déambuler dans les galeries et observer les toiles en étant guidé par les notes qui ont pu les inspirer... Le Louvre, si tu nous entends...

Comprendre Rothko et s'oublier dans la contemplation

Rothko2

Au départ, j'ai eu un certain mal à comprendre Rothko :

- nous communique-t-il des idées, fait-il passer un message ?

- veut-il communiquer des émotions ?

ou est-ce totalement autre chose que je n'arrive pas encore à comprendre ?...

En réalité, Rothko change son style après la série Seagram pour faire comprendre au public que ses oeuvres ne sont pas des oeuvres esthétiques, premier indice. Et puis, de façon plus claire, il indique en 1964 que ses oeuvres ont pour but d'émouvoir le spectateur, mais c'est à la même période que Rothko présente deux toiles dans lesquels il entend poser un questionnement sur la couleur et sur notre perception (voir "Pourquoi la couleur").

id031Néanmoins, Rothko se pose clairement comme un artiste contemplatif. Il passe des heures à contempler ses oeuvres, à observer les nuances de lumière se transformer au fil de la jourée sur son canevas. Il a par ailleurs réalisé un triptyque pour la Houston Chapel, au Texas. Son oeuvre à donc pour but selon moi peut-être de nous émouvoir, certainement de nous toucher au plus profond.

Ce tableau est un grand format (photo à gauche). D'accord, elle ne ressemble pas à grand chose sur cette petite photo...

En la voyant, j'ai d'abord été frappé par la force qu'elle dégage, la brutalité du noir sur le noir (ou noir sur marron ?), les nuances qu'on aperçoit au sein des différentes couleurs et les contours presque nets mais édentés, écorchés entre les deux couleurs. Au bout d'un moment, le mécanisme qui s'est mis en marche chez moi devant ce tableau est un processus de familiarisation plus que de réflexion. J'ai continué à observer cette toile, fasciné et après un moment le sentiment de force s'est transformé en une chaude sensation de proximité, d'apaisement. Finalement je me suis dit qu'il n'y avait rien à voir. Tout ce que je voyais dans ce tableau c'était moi-même.

Pourquoi la couleur

id084Rothko nous propose un questionnement sur la couleur à travers deux oeuvres.

La première  est vive et colorée. Encore un grand format, évidemment. Pour moi, c'est une oeuvre vivante et riche, excitante. On est frappé par l'harmonie qu'elle dégage, l'alliance forte du marron avec le rouge et la lumière que la toile dégage.

Quand on voit cette toile, on ignore l'existence d'une autre toile qui est son pendant.

id035Après avoir passé du temps sur la première toile, regarder la seconde procure un sentiment étrange. On est interloqué. Pourquoi ces couleurs ? pourquoi cette noirceur ? Si les proportions des formes ne sont pas exactement similaires, ce sont en tout cas les mêmes formes et le même agencement. Pourquoi réagissons-nous d'une manière si différente ? que signifie le rouge pour nous ? le noir, le marrron ? qu'est-ce que la couleur nous dit, pourquoi nous procure-t-elle des émotions si différentes ?

Ce qui m'a frappé c'est tout ce que peut représenter cette seconde toile après la première, alors que seule elle semble si incongrue.

La ligne qui nous effraie

id050La dernière partie de l'exposition nous présente une série d'oeuvres en gris et noir.

Ce qui m'a touché c'est la ligne qui sépare le noir et le gris. On peut voir sur certaines oeuvres une ligne claire qui se distingue, sur d'autres cette ligne est floue ou inexistante. Entre les oeuvres, les proportions de gris et de noir varient, ainsi que le degré de transparence des matières et le format des toiles.

On ne peut s'empêcher de rapprocher cette ligne d'une ligne d'horizon. C'est une limite, le symbole de la fin et du commencement. Cette ligne est la limite qui nous effraie, c'est la ligne que nous feignons chaque jour de ne pas voir. Sommes-nous dans le noir ou dans le gris ? Allons-nous dans la lumière ou dans l'obscurité ?

Loralyn Kajar d'Aubmai

Les oeuvres tardives de Rothko
Tate Modern, Londres - jusqu'au 1er février 2009

Open Sunday – Thursday 10.00–18.00

Open Friday and Saturday 10.00–22.00

Last admission into exhibitions 17.15 (Friday and Saturday 21.15)

Entry is free except for major exhibitions

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